samedi 25 avril 2015

Avengers : Age of Ultron (sans spoilers)

Voici ma première contribution à ce blog : une critique sur un film de super-héros.

J'ai envie d'y voir un symbole car le premier Avengers est sorti le mois où l'on s'est rencontré, l'occasion de nombreuses discussions. Les super-héros et nous de toutes façons, c'est une grande histoire, n'est-ce pas Batman ?

Bref ! Nous voici donc réunis pour la sortie du deuxième opus des aventures des Avengers. Il n'est pas exagéré de dire que je l'attendais avec impatience. J'ai dû regarder une bonne vingtaine de fois chacune des bandes-annonces.

Avant d'en arriver à la critique même, j'aimerais revenir sur quelques éléments de contexte.

L'Univers Cinématographique de Marvel (UCM) est né en 2008 avec la sortie du premier Iron Man, super-héros viscéralement interprété par Robert Downey Jr. Suite à cette première aventure, d'autres super-héros seront introduits dans les films suivants : le monstre Hulk dans The Incredible Hulk (2008) ; la tueuse Black Widow dans Iron Man 2 (2010), le dieu Thor et l'archer Hawkeye dans Thor (2011) et Captain America dans Captain America : First Avenger (2011).

Tout ce petit monde se retrouvait pour une représentation générale dans Avengers (2012), carton mondial avec plus d'1,5 milliard de recettes. Au-delà de l'argent engrangé par Marvel, Avengers était un petit miracle. Passée une première partie somme toute honnête mais sans plus - hormis les combats très réussis entre les futurs Avengers, le film prenait son envol avec la fameuse Bataille de New-York contre les Chitauris. Les morceaux de bravoure s'accumulaient, on avait droit à un méchant intéressant (Loki), en plus du tabou brisé pour les Américains de la première destruction de New-York au cinéma depuis les attentats du 11-Septembre. Avengers était un pur divertissement parfaitement maîtrisé, une belle réussite. Ce dernier concluait ce qu'on appelle la Phase 1 de l'UCM. Globalement, je la considère comme assez inégale, entre réussites (Avengers, Iron Man) et déceptions (Iron Man 2, L'Incroyable Hulk).

La Phase 2 commençait en 2013 avec Iron Man 3, décidément baromètre de la saga. Quand Robert Downey Jr va bien, tout va bien. Le film égale les recettes d'Avengers. S'ensuivent Thor : The Dark World (2013), Captain America : The Winter Soldier (2014) et l'excellent The Guardians of the Galaxy (2014).

Avengers : Age of Ultron est censé clôturer cette deuxième Phase même s'il semblerait que ce rôle soit désormais dévolu au prochain film Disney-Marvel Ant-Man, dont la sortie est prévu en juillet.

Quoi qu'il en soit, Age of Ultron a de sacrés enjeux sur les épaules. Il doit égaler voire surpasser le succès du premier Avengers, contenter à la fois le grand public et un public plus averti, intégrer tous les développements de la Phase 2 (et ils sont nombreux), introduire de nouveaux personnages (Scarlet WItch et Quicksilver), préparer la prochaine Civil War à venir, etc...

Mon verdict : le film est décevant. Mais tout compte fait, ce n'est pas vraiment une surprise. L'équation était autrement plus compliquée que pour le premier Avengers.

L'histoire convoque en bref intelligence artificielle, robots multiplicateurs, invention qui dépasse son créateur, destruction de l'intérieur, antagonismes très prononcés ou qui commencent à poindre, etc.

Passé l'effet de plaisir qu'on a à retrouver tous ces personnages en action dès les premières scènes - belles, virtuoses mais qui font robotiques, la machine se grippe. Ca sonne creux, c'est superficiel, ça manque énormément de subtilité (même si ce n'est pas vraiment ce qu'on demande à ce type de film, j'en conviens). La narration est un petit supplice, on sent les coupes au montage. L'UCM n'est pas du tout exploité. On a presque l'impression d'un épisode stand-alone, c'est quand même fou pour un film d'une saga aussi vaste ! Quasiment tout est amené de manière maladroite. Tout est en mode automatique, si bien qu'on ne se sent pas impliqué. Les poncifs du genre sont tous présents. La scène iconique de la bataille entre Hulk et Iron Man résume tout : très mal amené mais assez bien faite. La bataille finale n'est pas aussi bluffante que celle du premier opus. Mais c'est normal, aussi. Avengers était un ovni. C'est impossible de reproduire cet émerveillement qu'on a eu il y a trois ans. J'ai tout de même pris du plaisir à voir ce film, le cahier des charges est rempli mais il ne m'a pas contenté et c'est dommage !

Au rayon des acteurs, baromètre toujours, j'ai trouvé Robert Downey Jr fatigué et le film s'en ressent. Celui qui tire véritablement son épingle du jeu, c'est Thor/Chris Hemsworth. A la fois drôle et puissant, il en impose dans toutes les scènes où il est. Et il y a Hulk tout de même, dont la romance avec Black Window arrive un peu de nulle part. Hawkeye devait avoir un rôle plus important suite à son traitement dans le premier Avengers et c'est le cas. Mais la pirouette est tellement pas crédible. C'est tellement mis sur de gros sabots que ça en devient risible, mais le personnage est sympathique alors... Ultron est un méchant et Vision est énigmatique. J'aurais pu le dire sans avoir vu le film. C'est dire à quel point tout est trop bien calibré, trop catégorisé. Mention spéciale toute de même à Elizabeth Olsen en Scarlet Witch. Elle arrive à apporter un peu de grâce et de tendresse dans cette machine aseptisée.

Quand à la scène post-générique (l'unique), c'est la plus courte des films Marvel. Elle apporte peu et sent vraiment le recyclé, comme plusieurs autres éléments du film.

Age of Ulton est le premier Marvel qui m'a fait frôlé l'indigestion super-héroïque. La recette "divertissement-action-cool-humour" ne m'a pas atteint cette fois-ci. Serait-ce le début de la fin ? Le film a très bien démarré en France (meilleur démarrage de l'année) et il devrait à priori très bien fonctionné. Mais je ressens le besoin de renouvellement. Ca ne peut vraisemblablement plus continuer de cette façon.

Alors que DC Comics prépare la riposte avec Batman vs Superman pour l'année prochaine et dont la première bande-annonce est sortie la semaine dernière, il va être intéressant de voir comment la Phase 3 sera orchestrée. On nous la promet plus sombre, avec l'explosion des codes instaurés jusqu'ici et des aventures plus cosmiques. Le départ de Joss Whedon symbolise cette nouvelle orientation. Je ne demande qu'à voir.


samedi 11 avril 2015

La toilette, naissance de l'intime.

Gros coup de coeur pour l'exposition, la toilette, naissance de l'intime, présentée au Musée Marmottan-Monet jusqu'au 5 juillet!
L’exposition présente des œuvres d’artistes majeurs du XVe siècle jusqu'à nos jours sur le thème de la propreté, ses rites et leur espace et gestuelles.

Le parcours chronologique pourrait sembler convenu et un peu pépère, mais au contraire chaque époque est bien abordée, documentée et décrite pour nous faire saisir en quelques mots à chaque fois le changement majeur de conception de la toilette. 


Pays-Bas du Sud,Le Bain,
tenture de la vie seigneuriale,
vers 1500, Paris, musée
de Cluny - Musée national
du Moyen Age


L'exposition s'ouvre avec une vision fantasmée du bain, grâce à cette tapisserie qui est juste prétexte à montrer un nu idéal.
Le jeune fille, sûrement noble ne s'abaisse pas à effectuer un geste en lien avec la toilette, trop connoté prosaïque. Elle reste immobile, immergée à mi-corps et entourée de ses servantes. L'espace semble merveilleux et irréel.
Des hommes, musiciens assistent à la scène.
Dans cette section on retrouve des gravures de Dürer, de Primatice et des peintures de l'Ecole de Fontainebleau ou de Clouet. Mais souvent le bain est prétexte à représenter un nu féminin (comme pour Suzanne épiée par les vieillards), plutôt que fidèle à une réalité historique. Si les nobles se baignaient sûrement dans les grands châteaux, pour la plupart des gens l'eau est rare surtout dans les villes et on s'en méfie. Si quelques traités évoquent les effets hygiéniques des bains, on  redoute le prolifération des maladies et notamment de la peste. C'est pour cela qu'une toilette dite sèche est surtout pratiquée et aura cours jusqu'à l'installation de l'eau courante au XIX ème siècle.
Elle consiste à quelques ablutions sur des zones limitées, comme les mains, l'intimité et les pieds et à se farder.
La Femme à la puce– 1638 – 
Huile sur toile 121x8 cm – Nancy, Musée Lorrain
 ©RMN-Grand Palais / Philippe Bernard
L'usage voulait également qu'on change régulièrement de toilette pour éviter les puces et les poux. Certaines ne le pouvaient pas et attrapaient alors les nuisibles sur leurs vêtements comme dans cette magnifique oeuvre de Georges de La Tour (qui est malheureusement présentée dans un cadre qui ne lui rend pas justice).  Cette section met l'accent sur des portraits de femmes seules, dans un cadrage serré, l'eau n'est pas représenté

Au XVIIIème la toilette se fait plus intime, souvent seule la servante est admise à y assister. Pourtant aucun espace n'y est encore consacré dans la maison et cela donne naissance à des peintures au sujet pittoresque de femmes surprises, épiées,... sujet particulièrement apprécié par Boucher.
Le début du XIXème siècle voit la naissance d'espaces clos dédiés à la toilette de la femme, comme notamment le cabinet de toilette de l'impératrice Eugénie à Saint Cloud.
Au trois quart du XIXème, les grandes villes installent l'eau courante. Chaque immeuble doit être pourvu d'un accès à l'eau, c'est une exigence hygiénique. La femme à la toilette redevient un thème pictural. Mais ce n'est plus de jeunes femmes idéalisées que le peintre surprend. Les gestes ne sont pas pensés, ils sont parfois peu harmonieux, rompant l'élégance du corps. La toilette devient un sujet trivial.

Mon gros coup de coeur de cette exposition, qui évidemment n'est pas disponible en carte postale:
Wladyslaw Slewinski Étude 1897
Huile sur toile – 64x91cm – 
Cracovie, musée national – 
©Photographic Studio of theNational Museum in Krakow / 
Jacek widerski

Fin XIXème, Degas puis Bonnard font de la salle de bain le refuge de la femme. Un lieu de détente, où elle s'échappe.
Puis les avants-gardes (Picasso, Léger, Lam, Kupka,..) se saisissent de ce thème cher à leur aîné mais ils en font un exercice de style et travaille sur la forme et la couleur avant de s'intéresser réellement au sujet.
Au lendemain de la première guerre mondiale, avec la montée des marques de cosmétiques c'est surtout le maquillage qui est montré pour illustrer une idée de la femme bourgeoise,vaine et soumise à son mari.

L'exposition se termine par une interrogation sur le bien fondé du thème de nos jours, puisque dans nos sociétés modernes la lutte pour les installations d'hygiènes sont moins d'actualité. Le nu féminin reste cependant toujours un motif recherché par les artistes, si ce n'est que en pastiche de leurs aînés comme cette réinterprétation du tableau de l'Ecole de fontainebleau de Gabrielle d'Estrées.
Alain Jacquet
Gaby d’Estrées
1965 – Sérigraphie quatre couleurs sur toile
119x172cm – Courtesy Comité Alain Jacquet
et Galerie GP & N Vallois, Paris – 
©ComitéAlain Jacquet – ADAGP, Paris 2015

 On sort de cette exposition en ayant la sensation d'avoir appris des choses ou tout au moins d'en avoir redécouvert. Elle est bien documentée, structurée de manière claire et surtout les oeuvres prennent place dans un parcours fluide et accompagné de nombreuses explications.
 Je ne peux que vous conseiller cette exposition, et pourquoi pas de la compléter par une découverte des collections de ce très joli musée.







dimanche 5 avril 2015

Défi Goodreads: Bilan du premier trimestre!

Je ne suis pas tentée par les bonnes résolutions en début d'année (sinon je serai sûrement plus active sur ce blog), mais au début de 2015, j'ai eu envie de tenter le défi Goodreads. Cela consiste à se fixer un nombre de livres à lire dans l'année et à indiquer au fur et à mesure sa progression sur son compte Goodreads.

C'était la première difficulté de ce défi: je ne savais pas combien de livres, je pouvais lire par an. J'ai d'abord pensé me fixer la barre de 50 livres: cela faisait environ 1 par semaine (les bonnes semaines compensant mes moments de lecture lente ou de non lecture je devrais m'y retrouver)...
Puis je me suis dit que ce ne serait pas un défi, si je visais le confort et que je pouvais me lancer un vraie challenge et je me suis partie sur 80 livres pour l'année.

Voici donc mon bilan fin mars:

- Les prodiges de la vie Stefan Zweig
- La ballade de l'impossible d'Haruki Murakami
- Oh de Philippe Djian
- Danser les Ombres de Laurent Gaudé
- Injustice: Gods Among us vol.1 de Tom Taylor
- La route de Cormac McCarthy
- Pour ne pas que tu te perdes dans le quartier de Patrick Modiano
- Courir de Jean Echenoz
- La fête de l'insignifiance de Milan Kundera
- Elle s'appelait Tomoji de Jiro Taniguchi
- Le Royaume d'Emmanuel Carrère
- Le chardonneret de Donna Tart
- Une relation dangereuse de Douglas Kennedy
- Vice caché de Thomas Pynchon
- Les gardiens du Louvre de Jiro Taniguchi
- Tendre est la nuit de F.Scott Fitzgerald
- Il faut beaucoup aimer les hommes de Marie Darieussecq
- Le potentiel érotique de ma femme de David Foenkinos

Mon compteur est à 20 livres, soit exactement le quart de mon challenge pour ce premier trimestre.
Je suis très heureuse de suivre ce défi. Même si je ne le réussis pas à la fin de l'année, il m'apprend beaucoup sur moi et sur mes habitudes de lecture.
J'ai téléchargé l'application sur mon téléphone et donc je peux ajouter des nouveaux titres dans ma liste de livres à lire, indiquer quand je les commence, quand je les finis. J'ai appris à quelle vitesse je lisais, j'ai découvert que j'avais des vraies périodes de sécheresse: plusieurs jours où je n'ai pas envie d'ouvrir un livre et d'autres au contraire où je les enchaîne.
Regarder la liste des ouvrages que j'ai choisi durant ce premier trimestre comme un ensemble cohérent donne aussi du sens à mes lectures de début d'année: j'ai privilégié apparemment sans m'en rendre compte les auteurs contemporains et les hommes.

J'apprécie également de pouvoir noter chaque livre et écrire une brève critique à la fin de ma lecture et de pouvoir lire celle des autres. J'aime tellement partager mes impressions de lecture!

D'ailleurs si vous souhaitez une critique plus développée sur un des livres que j'ai lu au premier trimestre 2015, n'hésitez pas à me demander!

Mon coup de coeur: Danser les Ombres de Laurent Gaudé et Le chardonneret de Donna Tart
Ma déception:  Il faut beaucoup aimer les hommes de Marie Darieussecq talonné par Pour ne pas que tu te perdes dans le quartier de Patrick Modiano

samedi 28 mars 2015

Si vous êtes mince, blanche, jeune et si possible jolie, Franck Provost vous dit Merci!

 
On sait que le monde de la publicité est forcément tout merveilleux et tout beau... Mais faire un clip promotionnel pour les 40 ans des salons de coiffure Franck Provost en disant "Merci à toutes les femmes" et ne mettre en scène que de très jolies mannequins à la peau blanche pour moi c'est complètement honteux!
Sans forcément vouloir à tout prix réaliser une pub "Benetton", un peu de diversité ne ferait pas de mal! Sinon on ne dédicace pas ce clip à toutes les femmes, et on ne se présente pas comme "un homme qui aime les femmes et les sublime dans le monde entier" (page Facebook).
 
 
 

mercredi 25 mars 2015

Still Alice (Critique avec spoilers)


Alice Howland est un professeur de linguistique renommé de l'Université de Columbia. Elle est heureuse en couple, mariée depuis 30 ans et mère de trois enfants. 
Suite à des oublis de mémoire et des pertes de repères, elle consulte un neurologue qui lui diagnostique un Alzheimer précoce et d'origine héréditaire.
Le film, adaptation d'un roman de Lisa Genova, L'envol du papillon, présente les différentes réactions de son entourage, la progression inévitable de la maladie mais surtout le combat d'Alice pour rester elle-même coûte que coûte.

J'avais peur d'un film avec un pathos marqué, omniprésent et tire-larmes. Mais l'émotion est subtile et extrêmement bien amenée et maîtrisée. Si bien même qu'au début j'ai mis un peu de temps pour me sentir à 100% concernée par son histoire. La transformation d'Alice est assez pernicieuse. Mais petit à petit la femme forte, intelligente et successfull est attaquée par cette maladie qui la transforme. 





Alice est une très belle héroïne. Lors d'un tendre échange, son mari lui même (joué par Alec Baldwin) note qu'elle voulait tout et qu'elle a réussit à tout avoir: une brillante carrière et une jolie famille. Seule ombre au tableau: elle a du mal à envisager que sa dernière fille Lydia (Kristen Stewart) ne veuille pas faire d'études prestigieuses, préférant tenter de percer dans une petite troupe de théâtre. 
Lorsqu'elle apprend qu'elle est malade, sa réaction est exemplaire. Cela en fait une héroïne moderne et féministe. Le film a d'ailleurs reçu une récompense au Women Film Critics Circle Awards de 2014, celle de "meilleur film à propos des femmes".


                                                             
Le film explore également les différentes réactions de son entourage face à la maladie. Entre son mari qui se voile la face, ses aînés qui se veulent présents et réconfortants mais qui continuent de construire leur vie et sa cadette qui fait le sacrifice de mettre ses projets sur pause pour accompagner sa mère. 




La relation avec sa cadette est une  des forces du scénario. Il faut dire que si tous les acteurs excellent dans ce film, Julianne Moore (oscar de la meilleure actrice) et Kristen Stewart sont extraordinaires de justesse.

Mais par dessus tout Still Alice parle d'Alice, de comment rester soi quand on est malade mais surtout de garder son identité lorsqu'on perd la mémoire et souvent la dignité.
Filmer l'oubli reste un challenge que le film a su parfaitement retranscrire par des effets de caméra et des petites anecdotes.


 
Alors bien sûr, ce film reste une grande machine à Oscars. Un film bien maîtrisé et amené, où rien, n'est laissé au hasard. La famille est belle, la maison est belle, les personnages sont beaux. Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être touchée et de laisser Alice m'accompagner dans les jours qui ont suivi. Au delà de la fiction, Still Alice met la lumière sur la maladie d'Alzheimer et surtout sur les malades et leur combat contre l'oubli. On comprend que la perte de mémoire et la perte de repères c'est aussi la perte de soi en tant qu'individu.

On envisage différemment le sujet du film (la maladie et l'envie pour les malades de se définir autrement que par elle) quand on sait que le co-réalisateur de Still Alice, Richard Glatzer, atteint de SLA (Sclérose latérale amyotrophique) ne pouvait pas parler et a utilisé un I-pad pour communiquer avec son équipe et les acteurs pendant tout le tournage. Il est malheureusement décédé le 12 mars dernier.

Pour finir, je ne peux pas m'empêcher de noter les différences entre les affiches de promotion proposées dans chaque pays. La plupart ont adopté la même qu'en France où Julianne Moore perdue, loin de nous, se détache sur un fond jaune moutarde. Cependant quelques autres pays comme Taïwan, ont choisi un visuel où elle sourit au grand air. Les deux approches sont différentes, et à vrai dire, je ne sais pas laquelle je préfère.
La deuxième permet peut être d'insister à l'instar de la conclusion du film sur la notion d'amour.
 




mardi 24 mars 2015

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea"de Romain Fuertolas.


Le titre à rallonge annonce un roman burlesque et atypique. On n'est pas déçu, on y suit un fakir escroc, qui enchante son public avec des tours espiègles et beaucoup de poudre aux yeux. Ce beau parleur a convaincu son village de se cotiser pour lui permettre de payer son billet d'avion vers n'importe quel pays avec un Ikea pour qu'il puisse acquérir un lit à clous. En effet, on apprend dans ce livre que l'Inde imposait tellement de conditions à l'implantation de ces magasins que le grand géant suédois y avait renoncé (apparemment la loi a changé depuis la publication du roman de Fuertolas).
Les prix avantageux d'un aller-retour vers Paris, le conduit en France et c'est à sa sortie de l'aéroport que nous faisons connaissance avec notre Fakir indien. Débute alors une série de situations improbables qui le mène d'Ikea au Royaume Uni, puis en Espagne, en Italie, en Lybie,.. avec toutes une ribambelle de personnages très divers.

Le livre est clairement composé de deux parties. Une première partie qui joue sur l'aspect décalé et comique que promettait le titre, grâce à des descriptions maîtrisées et colorées et de nombreux jeux de mots, à commencer ceux sur le nom du fakir à savoir Ajatashatru Lavash Potel.
Puis à la faveur d'une rencontre avec des immigrés clandestins, notre fakir a une révélation sur la dureté de la condition de ces hommes en quête d'asile et le propos se fait moralisateur et complaisant.

On sent que Romain Fuertolas n'a pas voulu faire qu'un livre drôle, mais a voulu y apporter du contenu. Mais cette cohabitation des genres manque de subtilité et passe assez mal au final, même en considérant ce livre comme un conte ou une fable sur l'humanité que chacun de nous recèle en soi.
Les ressorts de narration sont faciles, surtout sur la fin du roman.

Je ne sais pas si le lecteur a l'instar de Ajatashatru Lavash Potel, finit le livre en se disant "Finalement le monde n'était pas fait que d'arnaqueurs, de tricheurs et de charogne. (...) Et qu'il y avait bien meilleur profit que de prendre l'argent frauduleusement aux gens, celui de donner et de faire du bien autour de soi. " (p281 de la version livre de poche)

Toutefois le style est prometteur pour un jeune auteur. Il m'a donné envie d'aller jeter un oeil à ses autres romans : Le Jour où Shakespeare a inventé le moonwalk publié en 2012 et La Petite Fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel publié en 2015.
Bon et malgré la satire qu'il essaye de dresser des techniques marketing du géant suédois, ce roman m'a aussi donné très envie d'aller faire un tour à Ikea!

lundi 23 mars 2015

Une place à prendre de J.K Rowling


"Une place à prendre" avait fait beaucoup parler de lui lors de sa sortie à l'automne 2012. En effet, c'est le livre qui marque la rupture de J.K. Rowling avec Harry Potter.
Bien que fan de la saga du sorcier à lunettes, je n'avais pas spécialement envie de lire cette nouvelle fiction. En plus, les critiques n'étaient pas des plus enthousiastes.
Puis une amie qui venait de le terminer et qui l'avait dans son sac à main me l'a proposé.

Synopsis: Barry Fairbrother, conseiller municipal influent de la petite bourgade anglaise de Pagford meurt subitement. Son poste devient vacant au moment où une importante décision doit être prise pour l'avenir d'un quartier défavorisé du village. Le roman retrace la course pour sa succession qui dévoile au fur et à mesure les secrets les plus sombres des différents personnages impliqués.


Avis: J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Les personnages sont très nombreux et il faut du temps avant de cesser de s'interroger à chaque mention d'un nom sur qui est ce personnage et sur ces liens avec les autres. J'ai trouvé le style parfois assez lourd et tous les personnages très caricaturaux.
La presse avait évoqué un passage de " la fantasy à une noirceur forcée", je trouve cette formule assez juste. On a l'impression que J.K. Rowling fait tout pour démontrer qu'elle n'est pas que l'auteur de Harry Potter en basculant dans un glauque un peu inutile.

Pourtant je ne regrette pas ma lecture, le roman se lit bien une fois qu'on a intégré tous les personnage et la formule vue et revue d'un évènement tragique qui perturbe l'ordre établi et fait ressortir tous les secrets fonctionne bien.

En cadeau bonus, une infographie pour comprendre qui est qui et à garder sous la main pendant la lecture!






dimanche 22 mars 2015

La collaboration 1940-1945 aux Archives Nationales


L'exposition sur la collaboration aux Archives Nationales est prolongée jusqu'au 5 avril prochain.
Grâce à ça j'ai pu éviter d'en vouloir à mon organisation défaillante et profiter de cette exposition exceptionnelle, qui réunit environ 300 objets de toutes sortes (manuscrits, objets, affiches, films, photographies, ...).




Les Archives Nationales ont eu le courage de présenter cette exposition sur un thème peu courant et surtout peu flatteur pour la mémoire collective française et ce dans le cadre des commémorations du 70e anniversaire de la libération de la France et de la victoire contre le nazisme.
Extrêmement bien structurée, en 6 parties, dans une scénographie sombre et tortueuse, l'exposition revient sur les rapports entre Vichy et Berlin. Elle présente les différents acteurs de cette collaboration: les autorités allemandes qui mènent le jeu et ne traiteront jamais les représentants français en égaux, le Gouvernement de Vichy qui selon les mots du Maréchal Pétain, le 30 octobre 1940 "entre dans la voie de la collaboration" et enfin les différents partis collaborationnistes.
Puis elle met en valeur les différents niveaux d'exercice de cette collaboration. Politique et administrative évidemment, mais aussi idéologique quand il s'agit de lutter contre des pensées qui ne collent pas aux valeurs nazies, puis culturelle et économique.

C'est rare qu'une exposition me donne envie de pleurer. Pourtant à plusieurs reprises, j'ai été submergée par l'émotion. C'est très difficile de constater à quel point l'horreur était organisée.
Il est aussi extrêmement terrible de se rendre compte de toutes les luttes des différents partis collaborationnistes. Le Gouvernement de Vichy n'était pas le seul à adhérer aux valeurs nazies, plusieurs factions essayaient de prendre le pouvoir mais toujours en suivant cette idéologie.
J'ai regretté que la partie sur les différents ennemis du nazisme ne traitent que de trois groupes: les juifs, les communistes et les francs-maçons. Les homosexuels et les tziganes nomades ne sont pas abordés dans l'exposition si ce n'est sur une carte qui recense les différentes typologies de camp.
Les parties sur la culture et sur l'économie montrent bien l'ambiguïté de cette époque entre les engagements dictés par l'adhésion aux valeurs comme Céline dans les Beaux draps ou la Ligue des Volontaires de Doriot, par la vénalité comme les industriels qui profitent des commandes des Allemands ou l'histoire du clan Joinovici qui en devenant pourvoyeur de tout pour l'occupant sauve leur peau et amasse des millions ou tout simplement de l’accommodement aux circonstances.

Cette exposition très maitrisée est extrêmement dure et instructive. Quelques bémols cependant: à l'entrée on nous remet un livret de visite très complet avec une notice détaillée sur chaque oeuvre. Mais il est parfois difficile de le lire sans gêner les autres visiteurs et surtout on nous a remis seulement un livret pour deux alors qu'il est très dense.
De plus le sujet est si vaste et si complexe que certains thèmes abordés n'ont pas toutes l'attention qu'ils méritent et on peut rester sur sa faim comme sur la spoliation des biens juifs ou l'organisation administrative de l'Etat après 40. Il faut cependant préciser que les Archives Nationales ont organisé de nombreuses conférences autour de l'exposition et une bibliographie est proposée à la fin du livret.
 
Il reste seulement deux semaines d'ouverture pour cette exposition. Les deux commissaires Denis Peschanski et Thomas Fontaine ont réussi à redonner vie à des archives et à produire une exposition  passionnante.