dimanche 22 mars 2015

La collaboration 1940-1945 aux Archives Nationales


L'exposition sur la collaboration aux Archives Nationales est prolongée jusqu'au 5 avril prochain.
Grâce à ça j'ai pu éviter d'en vouloir à mon organisation défaillante et profiter de cette exposition exceptionnelle, qui réunit environ 300 objets de toutes sortes (manuscrits, objets, affiches, films, photographies, ...).




Les Archives Nationales ont eu le courage de présenter cette exposition sur un thème peu courant et surtout peu flatteur pour la mémoire collective française et ce dans le cadre des commémorations du 70e anniversaire de la libération de la France et de la victoire contre le nazisme.
Extrêmement bien structurée, en 6 parties, dans une scénographie sombre et tortueuse, l'exposition revient sur les rapports entre Vichy et Berlin. Elle présente les différents acteurs de cette collaboration: les autorités allemandes qui mènent le jeu et ne traiteront jamais les représentants français en égaux, le Gouvernement de Vichy qui selon les mots du Maréchal Pétain, le 30 octobre 1940 "entre dans la voie de la collaboration" et enfin les différents partis collaborationnistes.
Puis elle met en valeur les différents niveaux d'exercice de cette collaboration. Politique et administrative évidemment, mais aussi idéologique quand il s'agit de lutter contre des pensées qui ne collent pas aux valeurs nazies, puis culturelle et économique.

C'est rare qu'une exposition me donne envie de pleurer. Pourtant à plusieurs reprises, j'ai été submergée par l'émotion. C'est très difficile de constater à quel point l'horreur était organisée.
Il est aussi extrêmement terrible de se rendre compte de toutes les luttes des différents partis collaborationnistes. Le Gouvernement de Vichy n'était pas le seul à adhérer aux valeurs nazies, plusieurs factions essayaient de prendre le pouvoir mais toujours en suivant cette idéologie.
J'ai regretté que la partie sur les différents ennemis du nazisme ne traitent que de trois groupes: les juifs, les communistes et les francs-maçons. Les homosexuels et les tziganes nomades ne sont pas abordés dans l'exposition si ce n'est sur une carte qui recense les différentes typologies de camp.
Les parties sur la culture et sur l'économie montrent bien l'ambiguïté de cette époque entre les engagements dictés par l'adhésion aux valeurs comme Céline dans les Beaux draps ou la Ligue des Volontaires de Doriot, par la vénalité comme les industriels qui profitent des commandes des Allemands ou l'histoire du clan Joinovici qui en devenant pourvoyeur de tout pour l'occupant sauve leur peau et amasse des millions ou tout simplement de l’accommodement aux circonstances.

Cette exposition très maitrisée est extrêmement dure et instructive. Quelques bémols cependant: à l'entrée on nous remet un livret de visite très complet avec une notice détaillée sur chaque oeuvre. Mais il est parfois difficile de le lire sans gêner les autres visiteurs et surtout on nous a remis seulement un livret pour deux alors qu'il est très dense.
De plus le sujet est si vaste et si complexe que certains thèmes abordés n'ont pas toutes l'attention qu'ils méritent et on peut rester sur sa faim comme sur la spoliation des biens juifs ou l'organisation administrative de l'Etat après 40. Il faut cependant préciser que les Archives Nationales ont organisé de nombreuses conférences autour de l'exposition et une bibliographie est proposée à la fin du livret.
 
Il reste seulement deux semaines d'ouverture pour cette exposition. Les deux commissaires Denis Peschanski et Thomas Fontaine ont réussi à redonner vie à des archives et à produire une exposition  passionnante.

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