samedi 28 mars 2015

Si vous êtes mince, blanche, jeune et si possible jolie, Franck Provost vous dit Merci!

 
On sait que le monde de la publicité est forcément tout merveilleux et tout beau... Mais faire un clip promotionnel pour les 40 ans des salons de coiffure Franck Provost en disant "Merci à toutes les femmes" et ne mettre en scène que de très jolies mannequins à la peau blanche pour moi c'est complètement honteux!
Sans forcément vouloir à tout prix réaliser une pub "Benetton", un peu de diversité ne ferait pas de mal! Sinon on ne dédicace pas ce clip à toutes les femmes, et on ne se présente pas comme "un homme qui aime les femmes et les sublime dans le monde entier" (page Facebook).
 
 
 

mercredi 25 mars 2015

Still Alice (Critique avec spoilers)


Alice Howland est un professeur de linguistique renommé de l'Université de Columbia. Elle est heureuse en couple, mariée depuis 30 ans et mère de trois enfants. 
Suite à des oublis de mémoire et des pertes de repères, elle consulte un neurologue qui lui diagnostique un Alzheimer précoce et d'origine héréditaire.
Le film, adaptation d'un roman de Lisa Genova, L'envol du papillon, présente les différentes réactions de son entourage, la progression inévitable de la maladie mais surtout le combat d'Alice pour rester elle-même coûte que coûte.

J'avais peur d'un film avec un pathos marqué, omniprésent et tire-larmes. Mais l'émotion est subtile et extrêmement bien amenée et maîtrisée. Si bien même qu'au début j'ai mis un peu de temps pour me sentir à 100% concernée par son histoire. La transformation d'Alice est assez pernicieuse. Mais petit à petit la femme forte, intelligente et successfull est attaquée par cette maladie qui la transforme. 





Alice est une très belle héroïne. Lors d'un tendre échange, son mari lui même (joué par Alec Baldwin) note qu'elle voulait tout et qu'elle a réussit à tout avoir: une brillante carrière et une jolie famille. Seule ombre au tableau: elle a du mal à envisager que sa dernière fille Lydia (Kristen Stewart) ne veuille pas faire d'études prestigieuses, préférant tenter de percer dans une petite troupe de théâtre. 
Lorsqu'elle apprend qu'elle est malade, sa réaction est exemplaire. Cela en fait une héroïne moderne et féministe. Le film a d'ailleurs reçu une récompense au Women Film Critics Circle Awards de 2014, celle de "meilleur film à propos des femmes".


                                                             
Le film explore également les différentes réactions de son entourage face à la maladie. Entre son mari qui se voile la face, ses aînés qui se veulent présents et réconfortants mais qui continuent de construire leur vie et sa cadette qui fait le sacrifice de mettre ses projets sur pause pour accompagner sa mère. 




La relation avec sa cadette est une  des forces du scénario. Il faut dire que si tous les acteurs excellent dans ce film, Julianne Moore (oscar de la meilleure actrice) et Kristen Stewart sont extraordinaires de justesse.

Mais par dessus tout Still Alice parle d'Alice, de comment rester soi quand on est malade mais surtout de garder son identité lorsqu'on perd la mémoire et souvent la dignité.
Filmer l'oubli reste un challenge que le film a su parfaitement retranscrire par des effets de caméra et des petites anecdotes.


 
Alors bien sûr, ce film reste une grande machine à Oscars. Un film bien maîtrisé et amené, où rien, n'est laissé au hasard. La famille est belle, la maison est belle, les personnages sont beaux. Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être touchée et de laisser Alice m'accompagner dans les jours qui ont suivi. Au delà de la fiction, Still Alice met la lumière sur la maladie d'Alzheimer et surtout sur les malades et leur combat contre l'oubli. On comprend que la perte de mémoire et la perte de repères c'est aussi la perte de soi en tant qu'individu.

On envisage différemment le sujet du film (la maladie et l'envie pour les malades de se définir autrement que par elle) quand on sait que le co-réalisateur de Still Alice, Richard Glatzer, atteint de SLA (Sclérose latérale amyotrophique) ne pouvait pas parler et a utilisé un I-pad pour communiquer avec son équipe et les acteurs pendant tout le tournage. Il est malheureusement décédé le 12 mars dernier.

Pour finir, je ne peux pas m'empêcher de noter les différences entre les affiches de promotion proposées dans chaque pays. La plupart ont adopté la même qu'en France où Julianne Moore perdue, loin de nous, se détache sur un fond jaune moutarde. Cependant quelques autres pays comme Taïwan, ont choisi un visuel où elle sourit au grand air. Les deux approches sont différentes, et à vrai dire, je ne sais pas laquelle je préfère.
La deuxième permet peut être d'insister à l'instar de la conclusion du film sur la notion d'amour.
 




mardi 24 mars 2015

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea"de Romain Fuertolas.


Le titre à rallonge annonce un roman burlesque et atypique. On n'est pas déçu, on y suit un fakir escroc, qui enchante son public avec des tours espiègles et beaucoup de poudre aux yeux. Ce beau parleur a convaincu son village de se cotiser pour lui permettre de payer son billet d'avion vers n'importe quel pays avec un Ikea pour qu'il puisse acquérir un lit à clous. En effet, on apprend dans ce livre que l'Inde imposait tellement de conditions à l'implantation de ces magasins que le grand géant suédois y avait renoncé (apparemment la loi a changé depuis la publication du roman de Fuertolas).
Les prix avantageux d'un aller-retour vers Paris, le conduit en France et c'est à sa sortie de l'aéroport que nous faisons connaissance avec notre Fakir indien. Débute alors une série de situations improbables qui le mène d'Ikea au Royaume Uni, puis en Espagne, en Italie, en Lybie,.. avec toutes une ribambelle de personnages très divers.

Le livre est clairement composé de deux parties. Une première partie qui joue sur l'aspect décalé et comique que promettait le titre, grâce à des descriptions maîtrisées et colorées et de nombreux jeux de mots, à commencer ceux sur le nom du fakir à savoir Ajatashatru Lavash Potel.
Puis à la faveur d'une rencontre avec des immigrés clandestins, notre fakir a une révélation sur la dureté de la condition de ces hommes en quête d'asile et le propos se fait moralisateur et complaisant.

On sent que Romain Fuertolas n'a pas voulu faire qu'un livre drôle, mais a voulu y apporter du contenu. Mais cette cohabitation des genres manque de subtilité et passe assez mal au final, même en considérant ce livre comme un conte ou une fable sur l'humanité que chacun de nous recèle en soi.
Les ressorts de narration sont faciles, surtout sur la fin du roman.

Je ne sais pas si le lecteur a l'instar de Ajatashatru Lavash Potel, finit le livre en se disant "Finalement le monde n'était pas fait que d'arnaqueurs, de tricheurs et de charogne. (...) Et qu'il y avait bien meilleur profit que de prendre l'argent frauduleusement aux gens, celui de donner et de faire du bien autour de soi. " (p281 de la version livre de poche)

Toutefois le style est prometteur pour un jeune auteur. Il m'a donné envie d'aller jeter un oeil à ses autres romans : Le Jour où Shakespeare a inventé le moonwalk publié en 2012 et La Petite Fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel publié en 2015.
Bon et malgré la satire qu'il essaye de dresser des techniques marketing du géant suédois, ce roman m'a aussi donné très envie d'aller faire un tour à Ikea!

lundi 23 mars 2015

Une place à prendre de J.K Rowling


"Une place à prendre" avait fait beaucoup parler de lui lors de sa sortie à l'automne 2012. En effet, c'est le livre qui marque la rupture de J.K. Rowling avec Harry Potter.
Bien que fan de la saga du sorcier à lunettes, je n'avais pas spécialement envie de lire cette nouvelle fiction. En plus, les critiques n'étaient pas des plus enthousiastes.
Puis une amie qui venait de le terminer et qui l'avait dans son sac à main me l'a proposé.

Synopsis: Barry Fairbrother, conseiller municipal influent de la petite bourgade anglaise de Pagford meurt subitement. Son poste devient vacant au moment où une importante décision doit être prise pour l'avenir d'un quartier défavorisé du village. Le roman retrace la course pour sa succession qui dévoile au fur et à mesure les secrets les plus sombres des différents personnages impliqués.


Avis: J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Les personnages sont très nombreux et il faut du temps avant de cesser de s'interroger à chaque mention d'un nom sur qui est ce personnage et sur ces liens avec les autres. J'ai trouvé le style parfois assez lourd et tous les personnages très caricaturaux.
La presse avait évoqué un passage de " la fantasy à une noirceur forcée", je trouve cette formule assez juste. On a l'impression que J.K. Rowling fait tout pour démontrer qu'elle n'est pas que l'auteur de Harry Potter en basculant dans un glauque un peu inutile.

Pourtant je ne regrette pas ma lecture, le roman se lit bien une fois qu'on a intégré tous les personnage et la formule vue et revue d'un évènement tragique qui perturbe l'ordre établi et fait ressortir tous les secrets fonctionne bien.

En cadeau bonus, une infographie pour comprendre qui est qui et à garder sous la main pendant la lecture!






dimanche 22 mars 2015

La collaboration 1940-1945 aux Archives Nationales


L'exposition sur la collaboration aux Archives Nationales est prolongée jusqu'au 5 avril prochain.
Grâce à ça j'ai pu éviter d'en vouloir à mon organisation défaillante et profiter de cette exposition exceptionnelle, qui réunit environ 300 objets de toutes sortes (manuscrits, objets, affiches, films, photographies, ...).




Les Archives Nationales ont eu le courage de présenter cette exposition sur un thème peu courant et surtout peu flatteur pour la mémoire collective française et ce dans le cadre des commémorations du 70e anniversaire de la libération de la France et de la victoire contre le nazisme.
Extrêmement bien structurée, en 6 parties, dans une scénographie sombre et tortueuse, l'exposition revient sur les rapports entre Vichy et Berlin. Elle présente les différents acteurs de cette collaboration: les autorités allemandes qui mènent le jeu et ne traiteront jamais les représentants français en égaux, le Gouvernement de Vichy qui selon les mots du Maréchal Pétain, le 30 octobre 1940 "entre dans la voie de la collaboration" et enfin les différents partis collaborationnistes.
Puis elle met en valeur les différents niveaux d'exercice de cette collaboration. Politique et administrative évidemment, mais aussi idéologique quand il s'agit de lutter contre des pensées qui ne collent pas aux valeurs nazies, puis culturelle et économique.

C'est rare qu'une exposition me donne envie de pleurer. Pourtant à plusieurs reprises, j'ai été submergée par l'émotion. C'est très difficile de constater à quel point l'horreur était organisée.
Il est aussi extrêmement terrible de se rendre compte de toutes les luttes des différents partis collaborationnistes. Le Gouvernement de Vichy n'était pas le seul à adhérer aux valeurs nazies, plusieurs factions essayaient de prendre le pouvoir mais toujours en suivant cette idéologie.
J'ai regretté que la partie sur les différents ennemis du nazisme ne traitent que de trois groupes: les juifs, les communistes et les francs-maçons. Les homosexuels et les tziganes nomades ne sont pas abordés dans l'exposition si ce n'est sur une carte qui recense les différentes typologies de camp.
Les parties sur la culture et sur l'économie montrent bien l'ambiguïté de cette époque entre les engagements dictés par l'adhésion aux valeurs comme Céline dans les Beaux draps ou la Ligue des Volontaires de Doriot, par la vénalité comme les industriels qui profitent des commandes des Allemands ou l'histoire du clan Joinovici qui en devenant pourvoyeur de tout pour l'occupant sauve leur peau et amasse des millions ou tout simplement de l’accommodement aux circonstances.

Cette exposition très maitrisée est extrêmement dure et instructive. Quelques bémols cependant: à l'entrée on nous remet un livret de visite très complet avec une notice détaillée sur chaque oeuvre. Mais il est parfois difficile de le lire sans gêner les autres visiteurs et surtout on nous a remis seulement un livret pour deux alors qu'il est très dense.
De plus le sujet est si vaste et si complexe que certains thèmes abordés n'ont pas toutes l'attention qu'ils méritent et on peut rester sur sa faim comme sur la spoliation des biens juifs ou l'organisation administrative de l'Etat après 40. Il faut cependant préciser que les Archives Nationales ont organisé de nombreuses conférences autour de l'exposition et une bibliographie est proposée à la fin du livret.
 
Il reste seulement deux semaines d'ouverture pour cette exposition. Les deux commissaires Denis Peschanski et Thomas Fontaine ont réussi à redonner vie à des archives et à produire une exposition  passionnante.