mercredi 25 mars 2015

Still Alice (Critique avec spoilers)


Alice Howland est un professeur de linguistique renommé de l'Université de Columbia. Elle est heureuse en couple, mariée depuis 30 ans et mère de trois enfants. 
Suite à des oublis de mémoire et des pertes de repères, elle consulte un neurologue qui lui diagnostique un Alzheimer précoce et d'origine héréditaire.
Le film, adaptation d'un roman de Lisa Genova, L'envol du papillon, présente les différentes réactions de son entourage, la progression inévitable de la maladie mais surtout le combat d'Alice pour rester elle-même coûte que coûte.

J'avais peur d'un film avec un pathos marqué, omniprésent et tire-larmes. Mais l'émotion est subtile et extrêmement bien amenée et maîtrisée. Si bien même qu'au début j'ai mis un peu de temps pour me sentir à 100% concernée par son histoire. La transformation d'Alice est assez pernicieuse. Mais petit à petit la femme forte, intelligente et successfull est attaquée par cette maladie qui la transforme. 





Alice est une très belle héroïne. Lors d'un tendre échange, son mari lui même (joué par Alec Baldwin) note qu'elle voulait tout et qu'elle a réussit à tout avoir: une brillante carrière et une jolie famille. Seule ombre au tableau: elle a du mal à envisager que sa dernière fille Lydia (Kristen Stewart) ne veuille pas faire d'études prestigieuses, préférant tenter de percer dans une petite troupe de théâtre. 
Lorsqu'elle apprend qu'elle est malade, sa réaction est exemplaire. Cela en fait une héroïne moderne et féministe. Le film a d'ailleurs reçu une récompense au Women Film Critics Circle Awards de 2014, celle de "meilleur film à propos des femmes".


                                                             
Le film explore également les différentes réactions de son entourage face à la maladie. Entre son mari qui se voile la face, ses aînés qui se veulent présents et réconfortants mais qui continuent de construire leur vie et sa cadette qui fait le sacrifice de mettre ses projets sur pause pour accompagner sa mère. 




La relation avec sa cadette est une  des forces du scénario. Il faut dire que si tous les acteurs excellent dans ce film, Julianne Moore (oscar de la meilleure actrice) et Kristen Stewart sont extraordinaires de justesse.

Mais par dessus tout Still Alice parle d'Alice, de comment rester soi quand on est malade mais surtout de garder son identité lorsqu'on perd la mémoire et souvent la dignité.
Filmer l'oubli reste un challenge que le film a su parfaitement retranscrire par des effets de caméra et des petites anecdotes.


 
Alors bien sûr, ce film reste une grande machine à Oscars. Un film bien maîtrisé et amené, où rien, n'est laissé au hasard. La famille est belle, la maison est belle, les personnages sont beaux. Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être touchée et de laisser Alice m'accompagner dans les jours qui ont suivi. Au delà de la fiction, Still Alice met la lumière sur la maladie d'Alzheimer et surtout sur les malades et leur combat contre l'oubli. On comprend que la perte de mémoire et la perte de repères c'est aussi la perte de soi en tant qu'individu.

On envisage différemment le sujet du film (la maladie et l'envie pour les malades de se définir autrement que par elle) quand on sait que le co-réalisateur de Still Alice, Richard Glatzer, atteint de SLA (Sclérose latérale amyotrophique) ne pouvait pas parler et a utilisé un I-pad pour communiquer avec son équipe et les acteurs pendant tout le tournage. Il est malheureusement décédé le 12 mars dernier.

Pour finir, je ne peux pas m'empêcher de noter les différences entre les affiches de promotion proposées dans chaque pays. La plupart ont adopté la même qu'en France où Julianne Moore perdue, loin de nous, se détache sur un fond jaune moutarde. Cependant quelques autres pays comme Taïwan, ont choisi un visuel où elle sourit au grand air. Les deux approches sont différentes, et à vrai dire, je ne sais pas laquelle je préfère.
La deuxième permet peut être d'insister à l'instar de la conclusion du film sur la notion d'amour.
 




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