mardi 24 mars 2015

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea"de Romain Fuertolas.


Le titre à rallonge annonce un roman burlesque et atypique. On n'est pas déçu, on y suit un fakir escroc, qui enchante son public avec des tours espiègles et beaucoup de poudre aux yeux. Ce beau parleur a convaincu son village de se cotiser pour lui permettre de payer son billet d'avion vers n'importe quel pays avec un Ikea pour qu'il puisse acquérir un lit à clous. En effet, on apprend dans ce livre que l'Inde imposait tellement de conditions à l'implantation de ces magasins que le grand géant suédois y avait renoncé (apparemment la loi a changé depuis la publication du roman de Fuertolas).
Les prix avantageux d'un aller-retour vers Paris, le conduit en France et c'est à sa sortie de l'aéroport que nous faisons connaissance avec notre Fakir indien. Débute alors une série de situations improbables qui le mène d'Ikea au Royaume Uni, puis en Espagne, en Italie, en Lybie,.. avec toutes une ribambelle de personnages très divers.

Le livre est clairement composé de deux parties. Une première partie qui joue sur l'aspect décalé et comique que promettait le titre, grâce à des descriptions maîtrisées et colorées et de nombreux jeux de mots, à commencer ceux sur le nom du fakir à savoir Ajatashatru Lavash Potel.
Puis à la faveur d'une rencontre avec des immigrés clandestins, notre fakir a une révélation sur la dureté de la condition de ces hommes en quête d'asile et le propos se fait moralisateur et complaisant.

On sent que Romain Fuertolas n'a pas voulu faire qu'un livre drôle, mais a voulu y apporter du contenu. Mais cette cohabitation des genres manque de subtilité et passe assez mal au final, même en considérant ce livre comme un conte ou une fable sur l'humanité que chacun de nous recèle en soi.
Les ressorts de narration sont faciles, surtout sur la fin du roman.

Je ne sais pas si le lecteur a l'instar de Ajatashatru Lavash Potel, finit le livre en se disant "Finalement le monde n'était pas fait que d'arnaqueurs, de tricheurs et de charogne. (...) Et qu'il y avait bien meilleur profit que de prendre l'argent frauduleusement aux gens, celui de donner et de faire du bien autour de soi. " (p281 de la version livre de poche)

Toutefois le style est prometteur pour un jeune auteur. Il m'a donné envie d'aller jeter un oeil à ses autres romans : Le Jour où Shakespeare a inventé le moonwalk publié en 2012 et La Petite Fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel publié en 2015.
Bon et malgré la satire qu'il essaye de dresser des techniques marketing du géant suédois, ce roman m'a aussi donné très envie d'aller faire un tour à Ikea!

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